© photo : Cédric Girard
C'est un rituel. Il sort, pose son cul devant sa porte, et contemple. Les herbes qui fondent sur la colline, les rapaces plus haut comme des mouches autour d'une merde fraîche. Avant il voyait beaucoup de lapins. Des lièvres parfois, leurs longues pattes arrières jouant aux piolets sur les flancs du relief. Il n'en voit presque plus, trouve cela étrange, et contemple. Il y avait autrefois plus de lapins que de corbeaux, la tendance s'est inversée. Il ne comprend pas. Il y a toujours autant de nuages gris, autant d'humidité, autant de mélancolie dans les branches squelettiques des arbres, mais il doit admettre qu'il y a moins de lapins à trainer dans les heures brumeuses du matin. Il y a moins de voisins aussi. Avant il n'était pas rare d'offrir un verre aux amis de passage, mais depuis la semaine dernière plus rien. Plus de lapins, plus de voisins. Tout perdu d'un coup, comme si les voisins avaient bouffé ce qu'il restait de lapins et s'étaient barrés très loin.
S'il était fou il se dirait que ça a un rapport avec l'autre matin, quand il s'est réveillé debout dans sa chambre avec de la terre plein les bottes et la carabine encore fumante dans les mains. Mais il sait qu'il a encore toute sa tête, arrête de se poser autant de questions, et se contente d'admirer ce qu'il reste de lapins et de voisins sur les herbes rouges de la colline.
Ce ne fut pas un rendez-vous manqué.
RépondreSupprimerPour sûr...
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