Ces mains
On ne peut pas oublier ces mains. Ses mains. Qui se sont frottées à l'osier, qui ont construit des paniers comme on bâtit des empires. Simplement. Qui ont plongé dans la gueule des brochets pour en extraire hameçons poisseux et vifs à l'agonie. Ces mains qui ont taillé du bois, enlevé des épines, passé le motoculteur sur les champs de mine des jardins. Des mains ridées. Les plus ridées qu'on connaisse aussi bien. Des mains de grand-père quoi. Qui ont dépecé des lapins et caressé les œufs du poulailler, quand les poules étaient encore rentables. Ces mains comme des vieilles branches crochues qui ne sortiraient jamais de l'automne. Qui n'ont pas changé d'un iota. Qu'on touche parfois des yeux quand les paupières sont closes. Ces mains qui ont cueilli plus de fleurs que nos pieds n'en ont écrasé. Ces mains qui n'existent plus. Mais qu'on n'oublie pas. Car tant qu'il y a des brochets et de l'osier dans les souvenirs, il y a encore ces mains sacrées, juste à côté, qui tiennent un verre de vin rouge et qui tremblent.
un texte somptueux que je viendrai relire.
RépondreSupprimerAu oui, magnifique: d'émotion retenue, à travers ses mains qu'on sent, qu'on touche. Whaou.
RépondreSupprimerMerci à vous...
RépondreSupprimerDemain. Les mains. Hier. Deux. Toujours.
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