Arpenteurs de la nuit


Il est tard. Dehors on ne voit plus que des lampadaires et les fragments de bitume qui vont avec. Les étoiles sont planquées derrière une couverture de coton. Dehors sent les feuilles mortes dans les flaques. Dehors sent le viol et les fleurs fanées. Quand une femme risque ses pas dans le boulevard, elle jette un œil aux rues béantes comme des gueules. Aux rues qui happent la lumière et digèrent quelques immondices. Quand une femme passe elle danse sur le trottoir dans une course contre la peur. Parfois un aboiement de chien vient se blottir au creux de son oreille et coule jusqu'à ses veines pour les aimer. Dehors est une prison à cœur ouvert, un sursis teigneux, la fin d'une cigarette. Dehors ne fait que passer avec dans son habitacle assez d'adrénaline pour tenir jusqu'au matin. Et demain, fidèle à son aube, passera un coup d'éponge sur les traces encore fraîches des arpenteurs de la nuit.

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