Dans mon sous-marin
L'appartement est calme. Un cercueil en plus gai. Dehors semble sous pression et les fenêtres sont des hublots. L'impression d'être dans un sous-marin. La sensation que si j'ouvre une fenêtre le monde extérieur va tout engloutir et le soleil me noyer. J'évolue à pas de loup dans cette pressurisation étouffante. Dès que je jette un œil à la fenêtre je vois la lumière tout faire pour pénétrer dans le vaisseau. Le grand arbre en face est un cheval de Troie et les corbeaux des soldats. Je ne suis pas dupe. Ils n'entreront pas. Je les contemple avec une petite boule dans la gorge. Tant que je n'aurai pas fait surface je longerai ainsi les couloirs, avec la peur de me noyer dans les choses sacrées du monde extérieur. Pour l'heure je vis confiné, je regarde les choses de l'ombre, sans importance, je mesure seulement les petites distances. Si j'ai le compas dans l'œil c'est au premier degré. Mes mains sont trop loin de mes yeux pour m'en faire des alliées. Soudain l'alarme du sous-marin sonne. Le facteur probablement. Mon cœur palpite. Personne n'entrera. Je décide de ne rien faire, de rester ici. Dans mon vaisseau avec mes hommes. Encerclés par l'inconnu qui devient petit à petit aussi bleu qu'une mer. Je n'ai jamais su nager autre part que dans l'eau.
Beau texte et j’ai manqué d’étouffer. Je suis un peu claustro et préfère naviguer en surface.
RépondreSupprimer« Homme libre, toujours tu chériras la mer! »
Merci Luc, belle référence !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce texte: il évoque avec talent le genre de panique du bocal que pas mal de gens éprouvent lorsqu'ils ne peuvent laisser les fenêtres ouvertes sur du vert ou de la terre au même niveau qu'eux.
RépondreSupprimerMerci Michèle, oui vous avez visé juste!
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