Un souvenir plein de plumes
Il prend le sentier. Celui qui commence comme une queue de serpent et se termine en gueule ouverte sur le précipice. Il fait un froid d'azote liquide mais quelques moineaux sont au rendez-vous, posés ça et là sur des fils ou des piquets de clôture. Son cœur est un glaçon qui serait resté trop longtemps dans le congélateur. Il y a bien le souvenir de cette fille qui fait un peu le pic à glace, mais impossible de venir à bout de cette pellicule gelée. Il regarde ses pieds, jette ses rétines plus loin, mais ses yeux reviennent sans cesse lustrer ses pompes. Il a souvent pris ce chemin ces derniers temps, avec l'envie de se lâcher comme un leste dans la gueule ouverte au bout du sentier. Il y a bien le souvenir de cette fille qui bat un peu des ailes autour de sa tête, mais il ne parvient pas à se poser dans le nid de ses cheveux. Il marche longtemps comme ça. Ce qui lui semble être une éternité n'est en fait qu'une poignée de minutes. Il arrive enfin devant la gueule ouverte au bout du sentier. Cette fois-ci il va vraiment le faire. Il y a bien le souvenir de cette fille qui fabrique des petites gouttes sous ses paupières, mais il a la gorge bien trop sèche pour que les larmes irriguent sa mine de jardin sauvage. Il est à deux doigts de sauter. Mais alors qu'il pose un pied dans le vide, il se passe la même chose qu'hier et avant hier. Le souvenir de cette fille craque une allumette et son cœur redevient un feu de joie. Alors il rentre en sifflotant, l'air de rien, un souvenir plein de plumes sur son épaule.
Délectation matinale....
RépondreSupprimerMerci Guillaume pour ces superbes lignes...très aériennes.
Fred.
Merci Fred, de passer par ici !
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