Trouver la force de fuir


Il reste trois minutes avant de quitter l'appartement. Il reste les fragments d'os du repas d'hier soir. Quelques fils de lumière à démêler, l'ombre des objets à offrir à la poussière. Le canapé est un autel où un livre entamé a été sacrifié au silence.  Il reste une odeur de parfum en fuite, poursuivie par mes narines. Le chat n'est d'aucune aide, inconsistant jusque dans ses rêves, bondissant une fois de plus dans un de ces sommeils qui le retiennent au chaud. Il reste des tas de choses à faire, qu'il faut stocker jusqu'à ce soir. Des tas de gestes et d'accolades visuelles à reporter. La vaisselle dans l'évier attend que quelqu'un lui règle son compte. Il reste enfin à trouver la force de fuir, de tout laisser en plan, à profiter des dernières secondes de flottement pour étrangler la paresse.

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