Chaque matin
il ouvrait ses volets comme
on déballe un cadeau
Une fois sur deux
on l'entendait pester
Je l'ai déjà
Chaque matin
il ouvrait ses volets comme
on déballe un cadeau
Une fois sur deux
on l'entendait pester
Je l'ai déjà
La vie a
les joues roses
la vie a
les dents blanches
la vie a
les yeux noirs
la vie a
l'esprit clair
et les pensées
un peu sombres
C'est que
de temps en temps
la vie voit
la mort en cachette
Le ciel est passé du
rose au gris
l'ivresse a
le goût étrange des
jours de pluie
la vie a encore
quelques tours dans
son sac et
les chrysanthèmes sont
en promotion
Il se passe un truc
je trouve
Je ne sais pas vous mais
il se passe un truc
lorsqu'on entend un
dessin animé qui passe dans
l'appartement d'à côté ou
même dans
une scène de film
où les fugitifs se sont
réfugiés dans un motel
peu importe
Il se passe un truc donc quand
un dessin animé passe
comme ça
en fond un peu
beaucoup passionnément
et qu'on ne distingue pas
tous les mots
tous les sons mais
je trouve
qu'il se passe un truc et
tout à coup on ne sait plus bien
si on est
le bol de céréales
la cuillère
ou l'enfant
Un rayon de soleil
se pose sur
l'accoudoir du canapé et
il semble ne
plus falloir bouger
C'est effarouchable et précieux
un rayon de soleil
qui vient à s'endormir
vers midi
au beau milieu de
tout ce qui est réalisable et
tout ce qui paraît impossible
Et crois-tu que
ça changerait quelque chose
si les corbillards
faisaient aussi
camions de glaces
et churros
Ce jour
là
comme il est
ciel débraillé
mouvements interrompus
petits pas de
danseuse ivre
on dirait une nuit
qui s'est
trompée d'endroit
Une branche nue
et puis
un p'tit oiseau
deux p'tits oiseaux
trois p'tits oiseaux
Un pas maladroit
Plus rien
C'est vrai
je ne suis pas trop
superstitieux en temps
normal mais ça fait
treize fois que je
tourne ma langue dans
ma bouche et je pourrais
presque parler
Il y a
une petite musique
une espèce de couleur
un
je ne sais quoi
d'irrésolu et soyeux
quand deux nuages s'emboutissent
devant nos mirettes alors
qu'on était à penser
à demain
Et revoilà septembre
ses nuages
en goguette
ses arbres
qui hésitent
ses nuits un peu
plus longues et nos
rêves fugitifs
Je vous le donne
en mille
dit cette petite heure
perdue au fond
de la vie
et on ne sait pas
s'il faut multiplier
ou diviser
L'espoir serait
d'écoper la mer avec
un dé à coudre et
finalement on trouverait
un verre ou
encore mieux
on trouverait un bol ou
une gigantesque bassine ou
que sais-je
un container d'un nombre
incalculable de
mètres cubes ou alors vraiment
le mieux serait
finalement je crois que
nous devenions
tout simplement
la mer
Il fait si noir depuis
tant d'heures que
même la lune
semble n'y rien pouvoir
Les étoiles
n'en parlons pas
Et puis soudain
la lumière s'épand
poussière d'or
sur les champs
les crêtes
les toits
les visages
les cheveux
Elle dessine tout
croquis étincelant
Ça brille
en haut en bas
L'univers rassasié de clarté
Si tu l'as manquée
ce matin
ce n'est pas grave
ça arrive
tous les jours
Il fait si noir depuis
si longtemps et puis d'un coup
même la dernière des
idées sombres
est irradiée
Il y a
cet homme schlass
étendu près
du mur en pierres et
on dirait qu'avec
le temps ils ont fusionné
si bien
qu'on ne sait plus dire
qui s'est
endormi au pied de l'autre
Le matin est
à tout le monde
L'espoir est
à tout le monde
L'ennui est
à tout le monde
Le silence est
à tout le monde
L'ivresse est
à tout le monde
La dernière des lumières
dans la nuit est
à tout le monde
Mais le premier qui touche à
ce souvenir
est mort
La nuit cette
petite brume
cheveux emmêlés
vernis écaillé
qui fait bouche ronde
faute de crier
en dévalant
un toboggan
Dimanche on ne sait
jamais trop si c'est
un lundi avec
quelque chose en plus ou
un samedi avec
quelque chose en moins
alors que c'est peut-être
tout simplement
un mercredi déguisé en
fin de grandes vacances