Ramasse-merde


Dans le ramasse-poussière, il y a les poils du chat, qui irritent le père de famille. Il y a deux cheveux que la petite dernière a gorgé de larmes quand elle s'est coincée le doigt dans la porte, des miettes du pain qui accompagnait le poireau hier soir, des petites perles multicolores qui auraient du être enfilées sur du fil de cuisine et mourir tranquillement autour d'un cou d'enfant. Il y a les moutons d'un mois, qui ont envahi les dessous de meubles et les derrières de portes, comme le lierre rampant étouffe les murs en pierre. Il y a une croûte de genou, perdue dans la poussière, qui est venue au monde après une chute de vélo, et qui a fait son temps. Il y a des restes de déjections canines, restées bloquées sous les semelles, qui ont finalement été déposées soigneusement sur le carrelage froid. Il y a enfin un poil de pubis anonyme. Celui du père, de la mère, de l'ainée, du voisin, du facteur, ou de l'huissier qui est venu hier pour faire pleurer dans la chaumière.
Le ramasse-poussière a fait bien plus que nettoyer, il a remué la merde.

4 commentaires:

Aurélia Jarry a dit…

Tout ce qu'il y a dans ce ramasse-merde me semble des plus à propos... A propos de quoi, ça, on ne sait pas ! Mais l'écriture me plaît vraiment bien...

La Méduse et le Renard a dit…

A propos de tout et de rien...juste un milk-shake de poussière

Aurélia Jarry a dit…

Quand on sait à qui on a affaire, on s'y reprend à plusieurs fois... Ravie !

La Méduse et le Renard a dit…

Enchanté!