La croisade du grenier
C'est pas plus compliqué que ça. L'enfance est un sac d'os qu'on assemble comme des légos. Des perronés usés emboîtés avec des humérus qu'on soude à l'aide d'articulations crochues. L'enfance renaît dans chaque dépouille d'oiseau couchée sur le sol, dans chaque fumée opaque crachée par les trains du souvenir. On retrouve des morceaux, on en perd, on essaie de faire le lien derrière les verres épais de nos lunettes griffées.
Je viens de retrouver une partie de mon enfance dans un grenier, mes yeux fouillant chaque recoin de lumière, mon nez humant chaque odeur emprisonnée. Je suis debout au milieu d'une histoire biscornue, je n'ai qu'à tourner la tête pour qu'elle devienne un périscope dressé sur le plancher bancal. C'était si simple, pourquoi n'y avais-je pensé plus tôt ? Une réponse serait de croire que l'enfance nous poursuit en se cachant derrière chaque coin de rue. Mais le plus probable est que ça faisait des années que je me planquais, moi, pour la filer nuit et jour. Dès qu'elle me tournait le dos, je me rapprochais d'elle. Juste assez pour frôler les souvenirs dans ses poches.
[...]
Extrait de nouvelle : La croisade du grenier.
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6 commentaires:
Et la suite, Méduse, c'est pour quand ? Entre l'enfance et nous, c'est un subtil pas de deux, chacun revenant à la charge quand l'autre s'éloigne.
La suite est faite, mais je la garde au chaud ;)
L'enfance, c'est mon ombre et sa compagnie m'est plus ou moins lourde selon la lumière du moment.
Ton texte me parle, merci.
Avec plaisir
Tu as décidément beaucoup de cordes à ton arc :-)
J'espère, faut que je garde un peu de curare aussi ;)
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