© photo : RichardB
Chaque matin il sort et se pose sur son rocking-chair. Il fait encore frais quand il s'assoit-là, et déjà les fourmis vont et viennent entre les poubelles et leurs demeures dentelées. Il les compte, du mieux qu'il peut. Le soleil n'est encore qu'une braise de la veille et il sait que certaines d'entre elles ont lutté toute la nuit. Il les admire, et alors le sol devient un ventre ouvert rempli d'insectes. Il sait que le temps presse, qu'il doit faire avec la chaleur montante et les ombres tenaces. Il étudie leur petit manège jusqu'à élire la plus belle. La plus robuste, la plus brillante, la plus active dans ce travail incessant qui les relie des ordures au fond de la terre. Quand l'été se sort les mains des poches, il agrippe la plus vaillante et la glisse dans sa petite boîte. Il se persuade que cette nouvelle recrue est la bonne. Il a déjà plus de mille fourmis du même acabit dans le bocal de la cuisine. Il attend d'en avoir assez pour les mettre au travail. Il reste discret sur ses intentions. Il sait qu'il lui faudra du temps pour qu'elles lui construisent son empire. Tous les matins, une fois qu'il a recruté la bonne fourmi, et dès que l'été pose ses deux mains sur son cou pour l'étrangler, il rentre à l'abri peaufiner ses plans avec son armée qui tient dans un bocal.
2 commentaires:
J'aime vraiment beaucoup. Une armée dans un bocal, la folie du minuscule qui nous rendrait grand. Et ce soleil qui étrangle...
Merci Virginie ;)
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