Du pareil au même
La plaine n'a pas encore séché ses cheveux. Il évolue sur ses herbes souillées depuis plusieurs heures et ses chaussures boueuses commencent à faire partie du paysage. Dès que le silence devient trop obsédant, il sifflote maladroitement quelques comptines d'oiseaux tombés du nid. Il sait qu'au milieu de ces grandes étendues vertes la lumière est un allier de choix. Il fait en sorte de toujours sentir le soleil dans son dos. Pour l'avoir à portée de main le moment venu, quand il lui faudra fermer la bouche et éteindre la lumière à l'intérieur de sa poitrine. Plus tard il s'engouffre dans un sous-bois et en remontant le sentier exigu aperçoit deux chevreuils occupés à promener leur museau dans les feuilles mortes. Il ne bouge plus. Il reste là à les observer pendant que la curiosité fait de ses yeux deux cailloux perdus dans la rosée.
Il identifie aussitôt un mâle et une femelle. Ils ont de ces attentions qui ne trompent pas. Il est tétanisé. N'en a jamais vu en vrai. Se demande s'ils savent sourire et s'il leur arrive eux aussi de se disputer. S'il leur arrive de se séparer quelques temps puis de revenir se flairer à nouveau avant de tout bousiller encore une fois. Il se dit qu'au fond elle et lui doivent leur ressembler terriblement. Figé à quelques mètres des chevreuils il rapproche à pas de loup ses sentiments des leurs. Alors, le corps tremblant et les gestes sabotés, il épaule sa carabine.
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