Cadavre de coquillage


C'est ici que je l'ai vue pour la première fois. Elle Laissait discrètement son empreinte sur le sable fin. Plus je descendais les marches, plus je distinguais ses courbes, ses mouvements. Elle semblait immense, inatteignable, intouchable. En bas, je m'étais assis tout près d'elle, sur le sable brulant. Juste assez loin pour la laisser vaquer à ses occupations. Elle chantait. Des mélodies évanescentes et pleines d'écho, des amplifications de ce qu'on entend dans les coquillages morts. J'étais resté là plusieurs heures, ne manquant aucun détail de sa danse rythmée. Quand le soleil avait amorcé sa chute, elle était repartie, lentement, aussi lentement qu'elle était arrivée. Je m'étais levé, sans bruit, pour entendre son chuchotement le plus longtemps possible. J'étais remonté, et du haut des marches en bois, je l'avais regardée une dernière fois, et j'avais pleuré à chaudes larmes. J'avais enfin vu la mer.

2 commentaires:

Aurélia Jarry a dit…

"Cadavre de coquillage"... La mer... Reconnue bien avant que d'être nommée... C'est ça, la mer -me semble-t-il, non?

La Méduse et le Renard a dit…

Oui, exactement! On la reconnaît de loin.