Hope


Très honnêtement
je n'ose pas
ne pas espérer

Une taille au-dessus


Il lève les yeux
La nuit est
encore en train
de lui tricoter
un pull trop grand

Larve


L'avenir appartient
à ceux
qui se lèvent

Ratures


Un matin où
le ciel s'emmêle
les pinsons

Sur la même longueur d'onde


Je vois bien
ce que tu ne veux
pas dire
j'entends bien
ce que tu ne
cries pas

Fausse joie


Alors qu'il croyait
la lumière
définitivement acquise
dans le jardin les ombres
annoncent la couleur
l'été sera
à nous

Compensation


Il est
loin du compte
mais près
de ses sous

Juste ce qu'il faut


Quelques mots
sous la pluie
valent souvent mieux
qu'un long discours
au soleil

Probabilité


Il n'avait pourtant
qu'une chance sur cinq
de sortir
le mauvais doigt

Dernier avis avant poursuite


Les factures seraient
des lettres d'amour
Elles sentiraient bon 
Il y aurait dans leur ventre
plus de lettres
que de chiffres
des cœurs autour
des signatures
On renverrait nos chèques
avec des traces
de rouge à lèvres

Ogresse


Elle s'est d'abord
posée sur une branche
puis la nuit
gueule grande ouverte
a réclamé à manger

The king


Il ne sait
rien faire
de ses dix doigts
mais c'est le roi
d'la main tendue

Du lourd


Il se trimballe
une de ces tristesses
qui ne tiennent même pas
dans un poème

D'une pierre deux coups

© photo : Hank Walker

Pour 3 francs
6 sous
ils s'occupent de
piquer votre chat
et quelques poèmes

La question


Il a pourtant
tourné la question
dans tous les sens
mais c'était sans savoir
qu'il s'agissait en fait
d'une réponse

Roulement de tambour


Et encore
un solo
de batterie
d'examens

Collision


J'étais
aux premières loges
quand le soleil  est entré
en collision
avec la fenêtre
J'ai eu mal
pour eux

Chacun sa part


Au fond
de la nuit
4 yeux acérés
se partagent
une étoile

Monument


Tuile après tuile
une bonne
poisse collante
pour ciment
l'échec se construit

Pas trop saignant


"Pour certains fuir se résume à entrer dans un beau rêve. Pour d’autres les choses ont besoin d’être plus concrètes.  Joe, employé aux abattoirs, est de cette trempe. Il veut  se sentir bien, vivant, ailleurs. Pour de vrai. Voilà pourquoi, émergeant d’un demi-sommeil existentiel, il passe à l’action. Il fauche une bétaillère (et six vaches) sur son lieu de travail, fait un détour pour embarquer son plus proche ami, Sam  – un enfant placé –, et file au volant de l’engin sur les routes montueuses de la région. Évidemment, l’alerte est donnée. L’insurgé aura-t-il le temps de sauver le rêve de la réalité ?"

Catherine Argand

À paraître en octobre chez Alma éditeur

Idées trempées


C'est assez déprimant
tout le monde
ne me parle
que de pluie
Même ce poème