L'air que nous respirons


Réaliser que
l'air que nous respirons
à cet instant précis
est peut-être déjà passé
dans un lapin
dans un renard
dans un chien
dans un soupir
dans le chuchotement d'un secret
dans un orgasme
dans un
dernier souffle

Mort (dans d'atroces souffrances) d'un poème


Il était
pas si mal parti
ce p'tit poème
quand en bas
de l'immeuble
le type a
baragouiné un truc
incompréhensible
éclaté de rire
et mis en marche
son taille-haie

Reconversion


On se faufile comme on peut
entre un nuage et
une éclaircie
un aveu et
un mensonge
hier et demain
On met du cœur à l'ouvrage
mais malgré
tous nos efforts
on continue de ressembler à
des bouchers reconvertis
en danseuses étoiles

Le phénix


Ce vieux pervers
lui en a bien fait baver
Ce matin elle peut
enfin souffler un peu
jubiler de le voir
dans cette urne
Ridicule
enfin inoffensif
de la poussière de connerie
Et ce matin voilà
qu'elle renait
de ses cendres

Il s'est éteint


C'est un type
si fragile
si émotif
la vie est immense et
il ne fait pas le poids
Tenez
l'autre jour
alors qu'on fêtait
son anniversaire
les bougies
l'ont soufflé

Leçon de timidité


Il faut garder
la tête haute
ne rien craindre
ni personne
baisser la tête et
regarder ses chaussures
revient à donner
des coups de pieds
à ses yeux

Comment ils sont devenus potes


Ils se sont donné
des noms d'oiseaux
ils se sont donné
des "nom d'un chien"
ils se sont donné
des "nom de Dieu"
ils se sont donné
des noms d'indiens

Volière


L'espoir nous donne
des ailes
la hâte nous met
en cage

Tout un art


C'est un art de glandouiller
en se retroussant les manches
un art de se cracher dans les mains
avant de se les foutre dans les poches
un art de faire croire que
le poil qu'on a dans la main
n'est pas à nous
qu'on l'a simplement volé
à quelqu'un d'autre

Ombre et lumière


Ombre et lumière
se partagent tout
des murs de la ville
jusqu'à tes cuisses
heureusement il reste
toujours quelques miettes
pour contenter nos yeux
pour consoler nos mains

Bouh !


Les mots grelottent
le poème tremble
la grippe s'amuse

Un million de couleurs


Le paysage défile
par la vitre du train
s'enfuit de nos regards
se débine
C'est un million de taches
de couleur
qui se font la malle
Nos yeux se mettent
à les chercher partout
mais elles sont déjà loin
libres
recomposées
Un million de
nouvelles taches frivoles
ont pris leur place
et se barrent à leur tour
sans qu'on n'y puisse rien faire
Le temps qui
me sépare de toi
est un panier percé
qu'on a rempli
de couleurs

Dernière révérence


Le jour
se cabre
la nuit
tombe

Rencontre / Médiathèque de Clermont-Ferrand


Je serai ce samedi 15 février à partir de 15h à la médiathèque de Jaude à Clermont-Ferrand pour parler de "Tartes aux pommes et fin du monde". Toutes les infos sont ICI.
Merci à Marie Berne pour son invitation ainsi qu'à Yann pour son taf en amont !

Une qui mange bien à la cantine


On en entend
des conneries
mais celle-là
est plus grosse
que les autres
Elle devait bien manger
à la cantine des conneries
elle fait du bruit
quand elle arrive
elle est énorme
elle a du mal
à se faire accepter
pourtant malgré tout
c'est une belle connerie

Se contenter de la nuit


Le soleil meurt
un jour s'éteint
Nos rêves
devenus spectres
trouvent refuge
dans la nuit

Ça dépend des jours


Parfois ses mains
sont des fauves
occupés par 
une carcasse
parfois ses mains sont
des bébés kangourous
bien au chaud
au fond des poches

Madame, Monsieur


Pour vous
ce petit poème
de motivation
qui vous prie d'agréer
l'expression de mes
sentiments distingués

Avec des trous


On remplit
les morts
avec des trous
on remplit
les trous
avec des morts

Plein de légèreté


L'oiseau
sa mélodie liquide
son bec verseur
mon oreille entonnoir
mon corps contenant

Réunion de crise


Personne ne manque
à l'appel
le soleil
le canapé
l'oreiller
Tom Waits
et exceptionnellement aujourd'hui
je vous demande d'accueillir
une mouche
de passage
Tout le monde
est là
bien installé
nous allons donc
pouvoir commencer

Comme une libération


Il paraît que
le vent tourne
comme la tête
comme la terre
comme l'heure
comme la clé dans
la serrure

Il faut battre le fer...


Mais le fer
se défend
tant qu'il est
encore chaud

Zones d'ombre


Il baille mais
la nuit reste à la porte
menacée par
cette chose encore plus sombre
à l'intérieur de lui