Persévérance et bravoure


Souvent
il manque à l'homme
l'audace du chat
qui pour la énième fois
pisse sur le canapé

Exposition Museums



PLUME DE SERPENT

DÉMARCHE IVRE
HUPPE AU VENT
LES YEUX COLLÉS
À LA LUMIÈRE
PENCHANT POUR
LES ÉCAILLES
BEC PLANTÉ
DANS L’OR DES SAVANES
RAPACE
DES HERBES GRILLÉES
SERRES SOUDÉES
À LA TERRE
INSTINCT FÉROCE
DE L’HORIZON
PLUMES CHATOUILLANT
LES PIEDS DU CIEL
ASPIRATEUR
DE PROIES RAMPANTES
PRÉDATEUR
DES GRANDS ESPACES DORÉS
FUNAMBULE DES MORSURES
SCULPTEUR DE
COLONNES VERTÉBRALES
TOBOGGAN À REPTILES
DANSEUR DE BALLET
INÉGALÉ DANS L’ART
D’AVALER DES COULEUVRES

Poème écrit pour accompagner le serpentaire, l'une des œuvres de Maëlle de Coux, exposées en ce moment au Muséum d'histoire naturelle de Blois.


L'exposition se déroule du 21 avril au 16 septembre, et met en scène différentes séries réalisées depuis 10 ans autour des collections des muséums avec lesquels Maëlle a collaboré. La série "Des Bêtes" que viennent compléter quelques portraits réalisés avec des animaux des collections de Blois, "les hommes-oiseaux" et "ADVENTICES" au grand complet.

Grand merci à Maëlle de m'avoir invité à poser quelques mots autour de ses  belles bêtes.

Le bon timing


Tous les jours
il passe devant
en vélo
Elle travaille
dans un fast-food
à l'ouest de la ville
Il lui faut exactement
2 minutes pour
préparer un sandwich
1 minute pour
servir un client
et surement moins que ça
pour tomber amoureuse

Aux fraises


Les longues heures
d'attente seraient
des buissons luxuriants
nos retrouvailles
auraient un goût
de fraises sauvages

Clous tordus


Le temps
courbe le dos
des hommes
la pluie
courbe le dos
des hommes
l'ennui
courbe le dos
des hommes
L'amour est
un pied de biche

L'horizon mange de la soupe


Pour garder la forme
l'horizon devrait avaler
quotidiennement
plusieurs tonnes
de regards écarquillés
Certains jours pourtant
on le voit perdre
son temps
à jouer avec
ses oiseaux miniatures

Le chant du Monstre

© image : Julien Berthier

"Matins monstrueux", est à lire 
ce matin sur Le Chant du Monstre.

Quand les poules auront des dents


Il faut toujours
espérer
parce que
manquer d'espoir
serait une forme
d'impolitesse
envers la lumière qui
nous accompagne
au turbin
tous les matins
Pourtant
même si un jour
les poules venaient
à avoir des dents
je crois bien
qu'elles se contenteraient
de se bouffer
entre elles

Open / Closed


Pressés de sortir
pressés de rentrer
de l'ouvrir ou la fermer
un coup devant
un coup derrière
une vie à
brûler d'impatience
de chaque côté
des portes

Leboncoin


Vends
gueule de bois
en chêne massif
très peu servi
parfait état
très confortable
idéale pour
rester allongé
toute une journée
À venir chercher
au fond de mon lit
Faites propositions

Chandail troué


En lieu et place
de son cœur
une pelote de laine
que la solitude
à déroulé
Et toutes ces rencontres
qui n'ont jamais su
tricoter

Du pareil au même


La plaine n'a pas encore séché ses cheveux. Il évolue sur ses herbes souillées depuis plusieurs heures et ses chaussures boueuses commencent à faire partie du paysage. Dès que le silence devient trop obsédant, il sifflote maladroitement quelques comptines d'oiseaux tombés du nid. Il sait qu'au milieu de ces grandes étendues vertes la lumière est un allier de choix. Il fait en sorte de toujours sentir le soleil dans son dos. Pour l'avoir à portée de main le moment venu, quand il lui faudra fermer la bouche et éteindre la lumière à l'intérieur de sa poitrine. Plus tard il s'engouffre dans un sous-bois et en remontant le sentier exigu aperçoit deux chevreuils occupés à promener leur museau dans les feuilles mortes. Il ne bouge plus. Il reste là à les observer pendant que la curiosité fait de ses yeux deux cailloux perdus dans la rosée.
Il identifie aussitôt un mâle et une femelle. Ils ont de ces attentions qui ne trompent pas. Il est tétanisé. N'en a jamais vu en vrai. Se demande s'ils savent sourire et s'il leur arrive eux aussi de se disputer. S'il leur arrive de se séparer quelques temps puis de revenir se flairer à nouveau avant de tout bousiller encore une fois. Il se dit qu'au fond elle et lui doivent leur ressembler terriblement. Figé à quelques mètres des chevreuils il rapproche à pas de loup ses sentiments des leurs. Alors, le corps tremblant et les gestes sabotés, il épaule sa carabine.

Progéniture de petit poucet


Je laisse derrière moi
chaussettes sales
éviers pleins de vaisselle
notes sur le réfrigérateur
messages dans les poches
qui font le tour des tambours
de machines à laver
Je perds quelques baisers
dans le creux de tes joues
dans les gerçures de tes lèvres
dans tes liasses de cheveux
Je ne file pas droit
je dois poser des marques
quelques poils
sur la cuvette des chiottes
libérer de vieux rêves
voir les jours
comme des bulles de savon
qu'on éclate
Mes bottes de sept lieues
dans le ventre des plaintes
Je laisse quelques sourires
au fond des nuits
se battre avec la mort
Je protège les miens
je ruse
je troque des années
contre de sales quarts d'heures
Je ne suis pas encore au point
je m'égare
J'essaie d'anticiper
Ici parfois
les contes finissent mal


Poème paru dans le Microbe n°70

Nourriture pour chat de gouttière


Un pied dehors
un milliard de frissons
de l'essence de ciel gris
plein le visage
Comme si
le petit matin frisquet
sortait les poubelles
Comme si
je me balançais puant
au bout de son bras

La p'tite bête


Être au bon endroit
au bon moment
trouver sa place
sa voie
creuser son trou
l'écart
Commencer par
chercher des poux
dans la tête
du temps qui passe

Une pierre à l'édifice


Chacune de
ses larmes
est une pierre
de plus
à l'édifice de
ma solitude

Conjonctivite


À force
d'acharnement
l'horizon se déchire
et le jour enfin
écarquille les yeux
Quelques gouttes
de rosée
nettoient le sable
sous ses paupières

La vraie définition du poème


Une idée
tombée du nid
que vous recueillez
dorlotez
nourrissez
à qui vous laissez
toutes ses chances
que vous réchauffez
admirez
Une idée à laquelle
vous vous attachez
et qui une fois
sur deux
vous claque
entre les mains

Publication - Petites histoires pleines d'importance - avril 2012 - Éditions Le Chat qui Louche


 Petites histoires pleines d'importance
(Courts textes en prose)
Collection Le Chat de Poe
Livre numérique / Format pdf / 60 pages
6,95 $ canadiens (environ 5 euros...)
Illustration de couverture : Marieve Gagnon

4ème de couverture :
Voici quelques petites histoires pleines d'importance.  Celles sans importance ont refusé d'être de la partie. Des historiettes découpées à même le tissu du quotidien.  Des fruits doux et acides à cueillir et à manger, un verre à la main, au pied d’un arbre, pendant que le Soleil et la Lune se mâtinent au-dessus des saisons. Ces brèves évocations, peu banales, sont vraies, au sens que l’art donne au mot vérité.  Vibrantes, d’une poésie et d’une humanité profondes.  Trop pudiques pour se dire autrement.

Pour le commander, c'est par ICI !

Tenir bon


Ouvrir la porte
de l'appartement
le voir s'échapper
et filer en vitesse
L'entendre dévaler
les escaliers
alors presser le pas et
s'accrocher à sa queue
avant qu'il ne disparaisse
Tenir bon
Pour quelques minutes
être un bout de sa chair
un compagnon de route
le copilote de sa fuite
Avec lui Frôler
la réalité
L'éviter de peu
Tenir bon
Ne plus rien diriger
Ne pas pouvoir
lui faire faire
marche arrière
Finalement accepter
sans broncher
de se faire traîner
dans la boue
par un rêve

Change d'air


Apprends à
tes soupirs
à vivre auprès
des bourrasques

Charogne n°3, coming soon...


La troisième Charogne arrive très bientôt, plus que quelques petits réglages et un ou deux points de suture par-ci par-là. Vous pouvez déjà la précommander en envoyant un chèque de 6 euros à l'ordre des éditions Asphodèle ici :

Asphodèle-éditions
23 rue de la Matrasserie
44340 Bouguenais
(Précisez bien que c'est pour la troisième Charogne. Si le cœur vous en dit, les numéros 1 et 2 sont eux aussi encore dispo pour 6 euros chacun)

Au sommaire de ce troisième numéro :

Stéphane Beau
Cyril Bérard
Marc Bonetto
Maëlle De Coux
Eric Dejaeger
Armand Dupuy
Jean-Marc Flahaut
Emmanuelle Le Cam
Farbrice Marzuolo
Pascal Pratz
Guillaume Siaudeau
Lucien Suel
Romain Verger
Illustrations : Magali Planès

Pour en savoir plus sur les précédents numéros,
ça se passe sur le blog de Charogne ICI.
Merci à vous de faire tourner l'info...

Fast-food


Ton sourire
à emporter
l'horizon
sur un plateau
un demi litre
de persévérance
coupée à l'eau
Matin fast-food

Gaspillage


Cette fille est
un grand cru
qu'il boit
à la bouteille
une future
gueule de bois
pleine de regrets

Lattes ou ressorts


Nos vies
sont-elles
plus moelleuses
que nos nuits ?

Dyslexie


La concierge
de l'immeuble
assise sur
un soupir
confond
fin du monde 
et début 
des hostilités

Tes rêves sont des chiens


Il arrive que tu te lèves et qu'il soit encore là assis à côté de toi. Qu'il t'ait collé aux basques toute la nuit et que tu aies du mal à t'en séparer. Que tu hésites. Que tu souhaites le regarder encore un peu battre de la queue avant de prendre une décision. Que le couloir qui mène à la cuisine devienne une autoroute vers le turbin. Qu'il te lèche les idées et se frotte à ta torpeur. Que tu hésites une dernière fois en l'observant avec remord cligner des yeux. Il arrive que tu décides  finalement de filer en le laissant tout seul crever au pied du lit. Pourtant tu sais que les rêves ne s'abandonnent pas plus facilement que les chiens.

Attaque !


Demain est
un chien vorace
attaché au passé
par un fil 
Ce fil est
bien tendu
Nous marchons
sur ce fil

Parution - Autobus 64 Nord n°4 - avril 2012


Le numéro 4 de l'Autobus 64 Nord, revue québécoise de caractère, 
sort ce mercredi avec à l'intérieur ma nouvelle 
"La fille à la robe jaune et aux lèvres carmin".
Tous les détails de la soirée de lancement ICI.

Sans calculatrice


Parallèles à la lumière
dans le prolongement
de nos ombres
perpendiculaires
aux gouttes de pluie
tangentes aux nuages
Nos vies arrondies
à l'entier supérieur