Flic floc


Jusqu'à
la dernière goutte
l'averse m'a parlé
de toi

Cascadeur de plumard


Je tombe
de sommeil
et mes écorchures
sont des rêves

Mentions obligatoires


Une de ces journées
terriblement emmerdantes
qu'on remplit comme
un formulaire

Capitaine de la lumière


Rêveurs
flâneurs
décortiqueurs d'horizon
et glandouilleurs
de tout poil
le jour recrute
engagez-vous

Pattes de mouche


Ce ne sont
ni la ponctuation
ni les idées
qui manquent
mais ce matin
l'horizon est
une phrase
écrite par
un médecin

Au mauvais endroit au mauvais moment


Résidu de poème
passé malencontreusement
à la machine à laver

Une explication possible


Les jours raccourcissent
pour que
les silences s'allongent

Un bout de chemin


Il y a
un monde entre
nos deux façons
de voir les choses
et je suis
à pied

Expédiés par le passé


Nous sommes
des colis
plus ou moins gros
plus ou moins vides
que le présent
s'en va livrer
à l'avenir

De justesse


Ça ne m'a pas
traversé l'esprit
mais c'était
à deux doigts

Brouiller les sens


La couleur de sa voix
le bruit de son parfum
l'arôme de son regard

Poème échantillon


Ce matin le ciel
ne tient pas
dans un seul poème
Voici donc
un échantillon

Privilège


La tête en l'air
souvent dans les nuages
Mon jet privé

Colibri


Elle bat
des paupières
un tracas s'envole

Insultes et baisers


Elle partage
équitablement sa salive
entre ses ennemis
et ses amours

Pas sommeil


La nuit tricote
des rêves
je m'amuse avec
les pelotes

Un peu de calcul


L'espoir est égal à
l'intensité de la lumière
multipliée par
la puissance totale
des chants d'oiseaux
le tout divisé par
le volume global
des désillusions

Et elles étaient bien l'une dans l'autre


Après mots doux
et baisers
ils en sont venus
aux mains

La dictature des ronces - Extrait


"La puissance de l’eau sur ma conscience. Son étau. Son projet de tout engloutir et puis son renoncement. À ce moment précis, j’ai eu la conviction qu’elle aurait pu ramener à la vie ou tuer n’importe qui. C’était une puissance retenue. Un mastodonte de plume. Un animal féroce qui s’était endormi près d’un arbre et que le sommeil avait désarmé. J’étais l’insecte venu se poser sur son museau sans faire de bruit, au-dessus de ses rêves. L’insecte qui explorait une fourrure dont la lumière était en train de vanter les mérites."

Voilà, il est en route pour l'impression. Rendez-vous le 5 mars !

F***


Et puis merde
ce juron lancé
dans la cage d'escalier
à 6 heures ce matin
méritait bien
un poème

Leur plat préféré


Nous nous sommes assis
côte à côte
et nos ombres
se sont étendues
à nos pieds
Elles me font penser à
deux chevaux attachés
devant un saloon
On ne saurait dire
si elles dorment ou
si elles attendent impatiemment
que l'on reparte
De vrais cow-boys
leur auraient 
probablement donné
du foin
pour patienter
mais nous savons bien que
nos ombres
sont plutôt du genre à
se goinfrer
de silence

Sur les rails


Ton sourire
est un train
qui transporte l'espoir
d'une nuit
à une autre

À contre-courant


Ils remontent
la pente
en descendant
des verres

Paranoïa


Les nuages cachent 
quelque chose
Les piafs parlent
dans mon dos
J'hésite à confier
mon semblant 
de bonne humeur
à la lumière
Manquerait plus que 
les rêves
ne soient en fait
qu'un mensonge
de la nuit