Ecosystème


Il ne mange pas du lion pour se donner du courage, mais plutôt pour que la faune rejoigne la flore intestinale.

Délit de sale gueule


L'homme dont la laideur exemplaire tronquait les remarquables talents de comédien s'est tiré une balle dans le pied en se rendant au casting de la réadaptation de Don Juan.

Talion


Un cowboy mort est un indien vivant

Recherche caravane + voiture


"Recherche caravane usagée et vieille voiture hors d'usage pour faire le tour du monde. Véhicules propres et en bon état s'abstenir."

Tsunamisu

© photo : W.Westergren

Chaque nuit, le même rêve récurrent. Il termine son tsunami, affalé sur la banquette en cuir d'un fast-food crasseux, et sitôt sorti, se fait happer par un tiramisu géant.

Moon in the man


Une fois qu'il eut avalé la lune, il dévora le soleil, dont la brulure douloureuse lui fit voir plus d'étoiles qu'il n'en avait jamais contemplées.

Chanson macabre


Un deux trois nous irons au bois
Quatre cinq six cacher les indices
Sept huit neuf dans un trou tout neuf
Dix onze douze ils seront tout rouges

Slurp


Cet aveugle avait la plus prestigieuse collection de timbres de tout le comté. Des timbres du Nord, du Sud, de l'Est, et de l'Ouest. Quand on lui demandait à quoi pouvaient bien lui servir tous ces petits carrés de couleurs qu'il ne verrait jamais, il répondait simplement qu'il aimait juste voyager en leur léchant le cul.

Bredouille


Quand il ressemblait à un animal orphelin, il s'en allait pêcher des cœurs dans l'étang aux sirènes. Un beau matin, on retrouva près de son corps inerte un morceau de papier qui disait : "Je ne suis pas fait pour la pêche aux gros sentiments".

Mouche à merde


- On est quoi finalement au milieu de ce bordel ? Hein? Réponds-moi Tom, on est quoi sur cette foutue planète?!!
- Des chiures de mouche sur une vitre sans teint dégueulasse.

Extrait du film "Arnaque philosophique", 2087.

Clochard céleste


Tous les soirs, il dort à la belle étoile près de la fosse d'épuration.

Déesse

© photo : Marceline

Ivrognes riant aux éclats sur une terrasse, automobiles lumineuses qui dégueulent du coton noir, air moite annonciateur d'éclairs maudits, chats de gouttières errant entre les poubelles des restaurants, et elle au milieu, éblouie par ses cheveux d'or sur le piédestal de ses jambes.

Coup de vent


C'était la première fois qu'il voyait sa vie défiler devant ses yeux. Dans cette tornade monstrueuse, il put en effet apercevoir son frigo, son canapé en cuir, les restes de son chien hurlant aux abois, et ses factures par milliers, prises dans la valse des souvenirs.

Vestiges


Nous sommes retournés hier sur le lieu de notre rencontre. Près du lac, les poissons flottaient, les arbres essayaient en vain d'attraper du vent, et le petit pont sur l'eau n'était plus qu'une toile d'araignée cassante. On a décidé de partir chacun de notre côté, poussés par les remous bizarres de la surface de l'eau.

Complexe d'œdipe


Sur cette plage lisse aux relents de monoï, après avoir enterré son père dans le sable, un petit garçon de quelques années embrasse sa mère inlassablement. On peut entrevoir des feux d'artifice dans ses yeux et de la guimauve dans son cœur.

Gibier


Il est loin le temps où je pouvais m'attendrir des heures devant les petits lapins dodus qui sillonnaient les champs de long en large. Il ont disparu ces moments d'émerveillements durant lesquels leurs petites oreilles pointues m'amusaient, et leurs queues touffues prêtaient à ma gorge quelques rires innocents. A présent, je leur tord le cou et les déguste en sauce avec un bon pinard médaillé.

J'ai 100 ans


J'ai cent ans
Je vis dans une maison où les grands
N'ont rien à faire, je vois souvent
Dans les couloirs des fauteuils roulants
et des infirmières
Si tu m'crois pas hé
viens gouter à ma purée.

Vieille peau

© photo : Le Photophage

De loin, ciselée dans un halo de soleil, j'ai d'abord cru que cette silhouette était celle d'une vieille affublée d'un manteau de vison. J'ai pu constater en me rapprochant que c'était en fait un vison vêtu d'une peau de vieille.

Falaise

© photo : Yasmine Cometa

Quand on se jette d'une falaise, on sent le vent avaler chaque partie de notre corps. Puis, le paysage défile comme au cinéma, et on a l'impression de flotter dans des draps multicolores. La fin n'est pas si douloureuse qu'on le dit, ça fait simplement boum et on ne se souvient plus de rien. Vous devez vous demander comment je sais ça hein. Je vous rassure, je n'ai jamais sauté d'une falaise. Mais c'est quelqu'un d'autre qui me l'a dit.

Mauvaises manières

© photo : Marlène Cottin

La douce plume s'est faite cueillir dans le nid par le vent. Il l'a emmenée frôler les feuilles des arbres avant de descendre dans le capharnaüm de la rue. Ils ont ensuite glissé sur une carcasse de voiture, dansé jusqu'à un lampadaire poussiéreux, et slalomé entre les humains qui s'affairaient à ne rien faire. Puis il s'est fait tard. Le soir venu, le vent a déposé délicatement la plume sur une merde de chien flasque pour qu'elle y passe la nuit.

Pulsion animale


J'aime la caresser. Sentir ses poils soyeux, faire glisser mes doigts sur ses fils de soie. J'aime plonger mon nez dans sa chaleur et apprécier l'immobilité de cette peau de bête fraîchement dénichée dans le grenier d'une maison abandonnée.

Sur la route


Il roule vite, très vite. Il avale le bitume comme un gamin dévore une glace. Le vent pénètre dans l'habitacle par les vitres béantes et vient foutre le bordel dans ses cheveux secs. Sur le bas côté, les fossés gorgés de nature défilent à plein régime. Aussi rapidement que lui. Il n'a aucune raison précise d'être là ce matin, au milieu de cette longue route déserte. Il s'est simplement dit que rouler vite au milieu de nulle part l'empêcherait de buter des innocents comme hier.

Grand méchant loup


- Cette nuit, ce cri de loup m'a fait froid dans le dos...
- Moi il m'a fait chaud au cœur, Catherine
- Vous êtes incompréhensible Douglas...Comment un cri de solitude a-t-il pu vous réchauffer le cœur?
- Comment une ode à la vie a-t-elle pu vous glacer l'échine?
- Après réflexion, je n'ai pas eu si peur que ça...

Extrait du film "Chef de meute", 2059.

Milk-shake olfactif


J'aime l'odeur des blés qui entre par ma fenêtre, celle de la viande grillée venue d'une autre cuisine, des premiers bourgeons de printemps, et de la pluie d'orage, quand ne vient pas s'ajouter à toutes ces senteurs celle de la litière du chat.

Paradoxe

© photo : Thomas Sabatier

Il faut croire que les touristes préfèrent l'eau du ciel à celle de la mer, puisque qu'ils regagnent la berge dès que les premières gouttes crépitent sur leurs épaules.

Arlequin


Il se dit que s'il avait terminé de lire ce livre il y a un mois, il se serait tiré une balle dans la tête, alors qu'aujourd'hui, le soleil illuminant son salon, cela lui a donné envie de manger une bonne choucroute devant une émission de variété.

Fausse joie


Le rayon de soleil est venu caresser son œil presque entrouvert, et il s'est juré de ne rien faire de la journée, jusqu'à ce qu'un coup de fil de son patron ne se joigne au concerto que les moineaux donnaient au dehors, pour lui dire qu'il était en retard et que ça commençait à bien faire.

Subterfuge


L'écrivain maladroit, égaré en compagnie de son inspiration dans des pensées creuses, noircit la plupart de ses pages blanches en y renversant par mégarde son café.

Tic-tac-toc


Agacé par le tic-tac de la pendule, il a pris ses cliques et ses claques, et s'en est allé faire ses tics et ses tocs sur le clic-clac du salon, jusqu'à ce que le toc-toc de la porte d'entrée retentisse.

Chasse aux papillons


Elle ce qu'elle aime, c'est la chasse aux papillons. C'est poser la carabine sur son épaule, apercevoir l'insecte au milieu du viseur, et en faire une myriade de couleurs dans le bleu primaire du ciel d'été.

Assassinat de chagrin


Après une lutte acharnée faite de sang et de larmes, le vieux Sam l'a attrapé par le coup, l'a tiré vers la grande cuve de gnôle, et a noyé son chagrin dans l'alcool.

Coutume


Quand le soleil commence à tomber, il enfile son gilet de laine, sort du chalet, et fait trainer ses pas sur le sentier derrière chez lui. Le trajet n'est pas bien long, mais il a le temps de croiser quelques insectes scotchés à des mauvaises herbes, des vols aléatoires de moucherons, le vieux berger qui rentre chez lui, et qui le salue d'une poignée de main qui porte bien son nom. Une demi heure plus tard, il est en haut de la colline, seul avec le vent et le paysage autour. Alors, il s'assoit sur un petit rocher qui fait face à la nature, et il se cure le nez tranquillement en regardant la vie défiler devant ses yeux ridés.

Boire et dormir


Celui qui rêvait toutes les nuits de la belle au Bois Dormant, s'est très vite rendu compte en la côtoyant qu'elle ne faisait rien d'autre que boire et dormir.

Marinade


- Regarde, son bateau devient presque invisible. il est déjà si loin de moi...
- Sa tête, oui, mais son cœur est avec toi Germaine
- Pourtant son cœur ne reviendra peut être jamais Edwige, c'est ce que je me dis à chaque fois qu'il part en mer
- Son cœur reviendra forcément. Je dois te confier un secret : le marin n'affronte pas la mer avec son cœur, mais avec sa tête. Le cœur d'un vrai marin n'aime pas l'eau
- Mais...

Extrait du film "Coeur de mer", 2062.

Ciel pleureur


Dès que le ciel pleure il déterre ses vieux démons, et les gouttes résonnent comme des coups de pioche dans les profondeurs de sa caboche.

Colimaçon


L'homme d'affaires, semblable à l'escargot, traine tous les soirs son corps flasque dans les escaliers en colimaçon de son immeuble pour rejoindre son lit dans le silence.

Sirène carnassière


Quand son visage plongeait dans la vague de ses cheveux, on ne discernait plus que sa bouche, requin affamé guettant sa proie au milieu des clapotis capillaires.

Relativisme


Un petit pas pour l'homme, un gigantesque pas pour les acariens.

Immersion

© photo : Elsa Laborde

Comme un poisson dans l'air, il a sauté dans le lac, lesté de son rocher. Comme une carpe il est resté muet jusqu'à toucher le fond. Comme un requin ferré il s'est débattu et a regretté de s'être fait prendre aussi facilement au piège de la mort.

Amour impossible


Cet homme était si petit qu'il se déplaçait à dos de fourmi, mangeait des micro-miettes de pain, et travaillait dans le transport de grains de sable. Il aurait tellement voulu être un géant pour séduire la reine des fourmis dont il s'était épris.

Quand tu souris


Quand tu souris,
je m'échappe en Tanzanie,
Je vais à Rio
De Janeiro
Je lâche ta main
Et mon cœur fait moins de bruit
Qu'une mygale
Dans un bocal

En finir


Ce matin là, il avait décidé d'en finir. Il était 5 heures du matin, et le bruit résonnait toujours dans sa tête. A bout de force, usé, rongé par la haine dans la sueur de ses draps, il s'était dit que ça ne pouvait plus continuer ainsi.
Il s'était levé, était descendu à la cave. Il avait sorti sa carabine de chasse du vieux meuble en chêne, et l'avait chargée. Sûr de ce qu'il faisait, il était remonté jusqu'à sa chambre.
Il avait posé son index sur le métal froid de la gâchette. Après avoir réfléchi une dernière fois aux conséquences de son acte, il avait ouvert la fenêtre et tiré sur le coq de ses voisins.

Incroyable!


Mesdames et Messieurs, en exclusivité pour vous, après avoir trouvé l'aiguille dans la botte de foin, l'homme qui a inventé l'eau chaude devrait cet après-midi sortir de la cuisse de Jupiter.

Parole de taxidermiste


Pour qu'une hirondelle fasse le printemps, il suffit simplement de la remplir de paille.

Légende validée


Quand il a ouvert les volets ce matin, il l'a aussitôt aperçu. L'arc-en-ciel prenait sa source entre deux arbres, comme s'il se nourrissait de la rosée du matin. Il est sorti de sa maison, les pieds nus, en pyjama, creusant le sol humide de son poids d'enfant. Il a parcouru plusieurs centaines de mètres dans les friches d'herbe mouillée, et dans la terre mouvante de ce matin magique.
Il est arrivé juste en bas, et l'a trouvé beaucoup plus grand que ce qu'il imaginait. Il a regardé et compté les couleurs. Elles étaient toutes là.
Il s'est décidé à monter, il voulait absolument en avoir le cœur net. Il a grimpé sur l'arc-en-ciel comme il serait monté à l'escabeau pour cueillir des pommes. Il a grimpé longtemps avant d'arriver tout en haut. Il voyait enfin l'immensité du paysage sous ses pieds crasseux. Puis, lorsqu'il s'est avancé un peu, ses espoirs se sont confirmés. Il pourrait enfin dire à tout le monde qu'ils existaient bel et bien. Devant ses yeux, à quelques mètres, se tenait un imposant groupe de Bisounours.

Romance patinée


- J'ai peur Jack, la glace semble si fragile par endroit..
- Ne craignez rien Esmeralda, il faut savoir, de temps à autre, briser la glace
- Mais si elle vient à céder sous nos pieds, je ne donne pas cher de notre peau
- Détendez-vous Esmeralda, et regardez plutôt derrière vous, je viens de tracer en patinant votre prénom sur la glace
- C'est magnifique Jack, mais vous avez fait une faute d'orthographe

Extrait du film "Amour sur glace", 2076.

Cocktail privé


Le détective privé venait enfin de résoudre l'enquête. Dans la moiteur d'un bar embué, après avoir ingurgité une douzaine de cocktails aux reflets de l'enfer, il but la dernière gorgée et donna la réponse au patron en se léchant les lèvres : j'ai trouvé! Comment ai-je pu être si ignorant...C'est un Beach-Killer : 1 volume de vodka, 2 volumes de rhum, 3 volumes d'eau de vie de mirabelle, et 1 volume de sirop de cerises !
Le patron approuva en lui préparant le cocktail de la victoire.

De la chance


Il a trouvé un petit chien sur le bord de la route. Il a regardé à droite et à gauche, il n'a vu que du vent qui allait et venait au milieu des brindilles. Il s'est approché de lui, l'a carressé, et a regardé une nouvelle fois de tous les côtés. Il y avait juste le vent qui s'engouffrait dans le bleu du ciel. Le petit chien l'a léché sur la main. Sa langue était chaude et rêche, réconfortante.
Il est finalement rentré chez lui avec le petit chien et l'a assis a côté de lui sur le canapé. Il n'y croyait pas, il n'était plus seul. Il s'est contenté de sourire, et de jeter à la poubelle les 50 morceaux de papier qu'il comptait accrocher à tous les arbres du village, où on pouvait lire : "Recherche petit chien réconfortant pour vaincre la solitude".

Presque parfaite


Ses cheveux, des nœuds marins indémêlables. Ses yeux, des phares plantés dans la mer. Sa bouche, une crevasse profonde, sans fond. Ses oreilles, des champs noyés sous les bourgeons que le vent fait vibrer. Son nez, une montagne élancée, parfaitement ciselée dans le ciel pourpre de la nuit. Si seulement il n'y avait pas son caractère...

Cor de rêve


Ce mannequin possédait un cor resplendissant, élancé, et inoubliable, qui avait élu domicile sur la plante de ses pieds plats.