Faire confiance aveugle
à l'envergure
du jour
dont les ailes déployées
protègent un peu
nos rêves
Le vent aime
les cheveux
les robes
les tissus oubliés
des cordes à linge
renverser les poubelles
et pousser les mégots
l'herbe mouillée
la fumée
les feuilles
qu'elles soient mortes
ou vivantes
Le vent aime
la pluie
les cils
les arbres
comme les fleurs
la pierre
moins que le bois
les écharpes mal nouées
les plumes et
la poussière
certains nuages
les dos et
les visages
les larmes
les jours qui
n'en finissent jamais
les nuits trop longues
le feu
les cendres
Le vent aime
l'horizon
mais déteste
les murs
S'extraire minutieusement
du lit
qui nous tenait au chaud
sauter
d'un rêve
arpenter
un nuage
plonger
dans un livre
s'écarter
de la ligne
Brûler
d'un souvenir
plus ardent
que le feu
Je porte une attention
toute particulière
aux lettres
qui deviennent
des mots
qui deviennent
des phrases
qui deviennent
des histoires
qui deviennent
des vies
Parfois le cœur
un peu plus léger
Parfois le cœur
un peu plus lourd
Parfois idéalement lesté
un coup battant
de l'aile et l'autre
la chamade
D'un silence l'autre
cette douceur de vivre
ces mots
pensés ou prononcés
susurrés ou criés
Des fleurs dans
le vacarme
petites ponctuations
écloses comme par magie
entre deux déserts
En peinture
on appelle ça
une esquisse
en écriture
un brouillon
en architecture
un projet
en sculpture
un modèle et
en période de grand vide
une aspiration
Ça ne tourne
jamais rond
Ça tourne au drame ou
au vinaigre
la tête
de l'œil
les pouces
7 fois
la langue dans
la bouche
Ça tourne
autour du pot
des roues
des pages
en dérision
au ridicule
Mais qu'il est chouette
ce petit manège
qui scintille
dans la nuit
Je vois
de plus en plus souvent
le jour se lever et c'est
chaque fois
la même claque
chaque fois
les mêmes caresses
chaque fois
les mêmes confidences
À moins d'être ce vent qui
sitôt levé
se calme
se cache
dans tes cheveux
ou surprend ton cou nu
fait tomber une pancarte puis
danser quelques feuilles
s'envoler un chapeau
se coucher une fleur
freine le vieil homme
qui court et pousse
l'enfant qui marche
Il y a
tout juste la place
Un autre petit jour
se glisse
entre la nuit
qui se tire
et celle
qui se pointe
Mais alors
nos doux rêves troués
de pétales et de crocs
appartiennent-ils donc
à la faune ou
à la flore
Ce serait
une salle d'attente
soupirs et sourires
idéalement entremêlés
La porte s'ouvrirait
à intervalles réguliers mais
jamais on ne prononcerait
ton nom
Tu aurais le droit de
boire et fumer
passer des heures
à la fenêtre
avec vue sur
la mer
Il y aurait
l'intégrale de Peanuts
et une petite musique
plus douce que le coton
Chaque journée
toucherait à sa fin
sur un
C'est tout pour aujourd'hui
venez retenter votre chance
demain