Progéniture de petit poucet


Je laisse derrière moi
chaussettes sales
éviers pleins de vaisselle
notes sur le réfrigérateur
messages dans les poches
qui font le tour des tambours
de machines à laver
Je perds quelques baisers
dans le creux de tes joues
dans les gerçures de tes lèvres
dans tes liasses de cheveux
Je ne file pas droit
je dois poser des marques
quelques poils
sur la cuvette des chiottes
libérer de vieux rêves
voir les jours
comme des bulles de savon
qu'on éclate
Mes bottes de sept lieues
dans le ventre des plaintes
Je laisse quelques sourires
au fond des nuits
se battre avec la mort
Je protège les miens
je ruse
je troque des années
contre de sales quarts d'heures
Je ne suis pas encore au point
je m'égare
J'essaie d'anticiper
Ici parfois
les contes finissent mal


Poème paru dans le Microbe n°70

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